lundi 23 juin 2008

Mano Solo - La braderie des enfants rouges


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A la braderie des enfants rouges je ne sais pas trop pourquoi
J'aurais voulu t'y voir te rencontrer là
On se serait dit bonjour et pas casse-toi
On se serait peut être même fait un sourire mais pas boire un coup faut pas pousser
Puis on serait reparti chacun dans notre vie effaçant de notre esprit l'hier qui n'est pas fier
Adieu beauté je saigne encore de ma bêtise j'ai beau essorer mon âme qu'il en coule toujours le jus de nos méprises
A la braderie des enfants rouges de vieilles histoires s'étalent sur le trottoir de vieux souvenirs aquichant le chaland
Dix francs pour une nouvelle vie hé ! tu m'emmènes chérie
J'ai bien cherché j'ai rien retrouvé que tu puisses habiter un brin ces souvenirs n'étaient pas les miens
A la braderie des enfants rouges
J'aurais pu y vendre mon cœur comme d'autres vendent des fleurs j'aurais pu me mettre nu comme un chien dans la rue il se peut même que j'aboie
Emmenez-moi emmenez-moi

dimanche 8 juin 2008

De mémoire de rose - Julos Beaucarne

(...) Garde tout au fond,
Tout au fond de toi
Un vide, un endroit
Derrière les fêtes
Où poser la tête
Dans le vent du soir
Bercer ces vieux rêves
Même s'il fait noir
Bercer ces vieux rêves
Même s'il fait noir (...)

jeudi 5 juin 2008

Léo Ferré - Le Chien



A mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
A mes compaings du pain rassis
A mes frangins de l'entre-bise
A ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit

A l'Araignée la toile au vent
A Bifteck baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d'Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre
Sur les midnights à moitié verre

Aux spécialistes de la scoumoune
Qui se sapaient de courants d'air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondin and Clowns
Aux paumés qui, la langue au pas
En plein hiver mangeaient des nèfles
A ceux pour qui deux sous de trèfle
Ça valait une Craven A

A ceux-là je laisse la fleur
De mon désespoir en allé
Maintenant que je suis paré
Et que je vais chez le coiffeur
Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau

Ils t'ont pelé comme un mouton
Avec un ciseau à surtaxe
Progressivement contumax
Tu bêles à tout-va la chanson
Et n'achètes plus que du vent
Encore que la nuit venue
Y'a ta cavale dans la rue
Qui hennit en te klaxonnant

Le droit la loi la foi et toi
Et une éponge de vin sur
Ton beaujolais qui fait le mur
Et ta pépée qui fait le toit
Et si vraiment dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce camarade vitamine
Il faudrait s'en débarrasser

Ton traînes ton croco ridé
Cinquante berges dans les flancs
Et tes chiens qui mordent dedans
Le pot-au-rif de l'amitié
Un poète ça sent des pieds
On lave pas la poésie
Ça se défenestre et ça crie
Aux gens perdus des mots fériés
Des mots oui des mots comme le Nouveau Monde
Des mots venus de l'autre côté de la rive
Des mots tranquilles comme mon chien qui dort
Des mots chargés des lèvres constellées
Dans le dictionnaire des constellations de mots
Et c'est le bonnet noir que nous mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire particulier
Avec des grammairiens particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques
Aux vieilles pouffiasses littéromanes

Il importe que le mot amour
Soit rempli de mystère et non de tabou,
De péché, de vertu, de carnaval romain
Des draps cousus dans le salace
Et dans l'objet de la policière voyance ou voyeurie
Nous mettrons de long cheveux aux prêtres de la rue
Pour leur apprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita Hayworth
Monsieur l'abbé Bibi - fricoti - fricota
Et nous ferons des prières inversées
Et nous lancerons à la tête des gens des mots
Sans culotte
Sans bande à cul
Sans rien qui puisse jamais remettre en question
La vieille la très vieille et très ancienne et démodée querelle
Du qu'en-dirons-ils
Et du je fais quand même mes cochoncetés en toute quiétude
Sous prétexte qu'on m'a béni
Que j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies
Alors que ces enfants dans les rues sont tout seuls
Et s'inventent la vraie galaxie de l'amour instantané
Alors que ces enfants dans les rues s'aiment et s'aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité
Je parle pour dans dix siècles et je prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
Je provoque à l'amour et à l'insurrection
Yes! I am un immense provocateur
Je vous l'ai dit
Des armes et des mots c'est pareil
Ça tue pareil
Il faut tuer l'intelligence des mots anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras
Il faut mettre Euclide dans une poubelle

Mettez-vous-le bien dans la courbure
C'est râpé vos trucs et manigances
Vos démocraties où il n'est pas question de monter à l'hôtel avec une fille
Si elle ne vous est pas collée par la jurisprudence
C'est râpé Messieurs de la Romance

Nous, nous sommes pour un langage auquel nous n'entravez que couic
Nous sommes des chiens et les chiens, quand ils sentent la compagnie,
Ils se dérangent et on leur fout la paix
Nous voulons la paix des chiens
Nous sommes des chiens de bonne volonté
Et nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à nous certaines chiennes
Puisqu'elles sont faites pour ça et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la gueule
Des armes blanches et noires comme des mots noirs et blancs
Noirs comme la terreur que vous assumerez
Blancs comme la virginité que nous assumons
Nous sommes des chiens
Et les chiens, quand ils sentent la compagnie,
Ils se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a
Quelque chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutre sur la margoulette

Je n'écris pas comme De Gaulle ou comme Perse
Je cause et je gueule comme un chien

JE SUIS UN CHIEN

Ferré



jeudi 27 décembre 2007

Je voudrais pas crever - Boris Vian

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

dimanche 9 septembre 2007

Jacques Brel - Ces gens là

Je vous mets cette autre chanson de Jacques Brel qui est ma préférée parmi toutes. La version "en concert" rajoute un petit quelque chose à cette chanson célèbre.

Paroles de Jacques Brel - Ces gens là
D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Ouest méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui n'a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui recarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis il y a la toute vieille
Qu'en finit pas de vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu que c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.