jeudi 27 décembre 2007

Je voudrais pas crever - Boris Vian

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

dimanche 9 septembre 2007

Jacques Brel - Ces gens là

Je vous mets cette autre chanson de Jacques Brel qui est ma préférée parmi toutes. La version "en concert" rajoute un petit quelque chose à cette chanson célèbre.

Paroles de Jacques Brel - Ces gens là
D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Ouest méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui n'a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui recarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis il y a la toute vieille
Qu'en finit pas de vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu que c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.

Jacques Brel - Elégance

J'écoute Brel 22/24h en ce moment. Voila celle que j'ai décidé de partager (je vous balance une belle vidéo faite par un fan apparemment sur youtube)

Paroles de Jacques Brel - Elégance:
Se sentir quelque peu romain
Mais au temps de la décadence
Gratter sa mémoire à deux mains
Ne plus parler qu'à son silence
Et
Ne plus vouloir se faire aimer
Pour cause de trop peu d'importance
Etre désespéré
Mais avec élégance

Sentir la pente plus glissante
Qu'au temps où le corps étais mince
Lire dans les yeus de ravissantes
Que cinquante ans c'est la province
Et
Brûler sa jeunesse mourante
Mais faire celui qui s'en dispense
Etre désespéré
Mais avec élégance

Sortir pour traverser des bars
Où l'on est chaque fois le plus vieux
Y éclabousser de pourboires
Quelques barmans silencieux
Et
Grignoter des banalités
Avec des vieilles en puissance
Etre désespéré
Mais avec élégance

Savoir qu'on a toujours eu peur
Savoir son poids de lâcheté
Pouvoir se passer de bonheur
Savoir ne plus se pardonner
Et
N'avoir plus grand chose á rêver
Mais écouter son coeur qui danse
Etre désespéré
Mais avec espérance.

mardi 4 septembre 2007

Scrubs - La blague du papillon

Parce que c'est très drôle.



Turk -Un gars rentre dans le cabinet d'un dentiste et lui dit : "Je crois que je suis un papillon de nuit"
Le dentiste dit : "Si vous croyez être un papillon de nuit qu'est ce que vous venez faire chez un dentiste ?" et le gars lui dit "Ben j'ai vu de la lumière"
JD - Ah ce papillon est cinglé...
...
- JD - Hé je viens d'entendre une blague géniale : Un gars rentre dans le cabinet d'un dentiste et lui dit : "je crois que je suis un papillon de nuit"
Le dentiste dit : "Si vous croyez être un papillon de nuit qu'est ce que vous venez faire chez un dentiste ?" Oh non j'ai oublié la chute, tu peux pas rester en rade ! Meuble ! Gagne du temps ! Alors le papillon lui dit "Excellente question ! Mais quel genre de dentiste vous êtes ?" Alors le dentiste lui dit "Ben je fais de la dentisterie traditionnelle mais je fais aussi un peu d'orthodontie des appareils dentaires des trucs comme ça..." Alors le papillon de nuit lui dit "C'est cool l'orthodontie j'ai entendu dire qu'il y avait plein de fric à se faire" J'ai vu de la lumière ! "Mais revenons donc à votre question, laquelle était je crois, je suis un papillon de nuit pourquoi je viens chez un dentiste ? La réponse est : parce que j'ai vu de la lumière ! De la lumière ! C'était éclairé ! C'était éclairé James ! Le papillon adore la lumière ! Alors, James, excepté votre sens de l'humour déficient quel est votre problème ?
Scrubs épisode 14 de la saison 4 Mon porte-bonheur.

jeudi 30 août 2007

La pure niaiserie

Le droit à la bêtise

Le travailleur fatigué, à la respiration lente et au regard débonnaire, qui laisse le monde aller son train, bref, ce personnage typique, que l'on rencontre maintenant, au siècle du travail (et aussi du Reich!) dans toutes les classes de la société, le voici qui prétend revendiquer pour son usage l'art, y compris le livre, et surtout le périodique -- et, à plus forte raison la belle nature, l'Italie... L'homme du couchant, avec ses 'instincts sauvages endormis', dont parle Faust, voici qu'il a besoin de villégiatures, de bains de mer, de glaciers, de Bayreuth... A de pareilles époques, l'art a droit à la pure niaiserie, à des vacances de l'intelligence, de l'esprit et du cœur. C'est ce qu'a su comprendre Wagner. La 'pure niaiserie' est le meilleur reconstituant...
Nietzsche in Crépuscule des idoles

vendredi 10 août 2007

Scrubs My no good reason Ending

Je suis assez friand de série, c'est mon guilty pleasure personnel. Ce que j'aime en particulier, et ça vous étonnera peut être, c'est le coté moralisateur. Chaque épisode exploite une problématique abordée différemment par chacun des personnages ; les thèmes sont vastes : la vie, la mort, l'amour (souvent), la politique, la guerre, le temps, le hasard, l'amitié, le courage... Au bout de 20 minutes, le téléspectateur est renvoyé à sa propre réflexion.
Je mets cette vidéo parce que j'ai utilisé la musique dans le post précédent.

Musique : [Brett Dennen - Ain't no Reason]

Ain't no reason

free music

Paroles de Brett Dennen Ain't no reason:
There ain’t no reason things are this way.
Its how they always been and they intend to stay.
I can't explain why we live this way, we do it everyday.
Preachers on the podium speakin’ of saints,
Prophets on the sidewalk beggin’ for change,
Old ladies laughing from the fire escape, cursing my name.
I got a basket full of lemons and they all taste the same,
A window and a pigeon with a broken wing,
You can spend your whole life workin’ for something
Just to have it taken away.
People walk around pushing back their debts,
Wearing pay checks like necklaces and bracelets,
Talking ‘bout nothing, not thinking ‘bout death,
Every little heartbeat, every little breath.
People walk a tight rope on a razors edge
Carrying their hurt and hatred and weapons.
It could be a bomb or a bullet or a pen
Or a thought or a word or a sentence.

There Ain't no reason things are this way.
It's how they always been and they intend to stay
I don’t know why I say the things I say, but I say them anyway.
But love will come set me free
Love will come set me free, I do believe
Love will come set me free, I know it will
Love will come set me free, yes.

Prison walls still standing tall,
Some things never change at all.
Keep on buildin’ prisons, gonna fill them all,
Keep on buildin’ bombs, gonna drop them all.
Working your fingers bear to the bone,
Breaking your back, make you sell your soul.
Like a lung that’s filled with coal, suffocatin’ slow.
The wind blows wild and I may move,
The politicians lie and I am not fooled.
You don't need no reason or a three piece suit to argue the truth.
The air on my skin and the world under my toes,
Slavery stitched into the fabric of my clothes,
Chaos and commotion wherever I go, love I try to follow.

Love will come set me free
Love will come set me free, I do believe
Love will come set me free, I know it will
Love will come set me free, yes.

There ain't no reason things are this way
It’s how they always been and they intend to stay
I can't explain why we live this way, we do it everyday.


Traduction de Brett Dennen Ain't no reason :

Il n'y a pas de raison que les choses aillent de cette façon
C'est ainsi qu'elles ont toujours été et qu'elles sont destinées à rester
Je ne peux pas expliquer pourquoi nous vivons ainsi ; on le fait tous les jours
Des prédicateurs sur le podium parlant des saints,
Des prophètes sur le trottoir priant pour le changement
De vieilles dames riant de l'escalier de secours, maudissant mon nom.
J'ai un panier rempli de citrons, et ils ont tous le même gout,
Une fenêtre et un pigeon avec une aile cassée,
Tu peux passer ta vie entière à travailler pour quelque chose,
Juste pour l'avoir mise de coté.

Les gens déambulent, repoussant leurs dettes
Brandissant leurs carnets de chèques comme des colliers ou des bracelets
Ne parlant de rien, ne pensait pas à la mort
Chaque petit battement de coeur, chaque petit souffle.
Les gens marchent sur le fil du rasoir
Portant leurs douleurs, leurs haines et leurs armes,
Ce pourrait être une bombe, une balle ou un stylo,
Ou une pensée, ou un mot ou une phrase


Il n'y a pas de raison que les choses aillent de cette façon
C'est ainsi qu'elles ont toujours été et qu'elles sont destinées à rester
Je ne sais pas pourquoi je dis les choses que je dis, mais je les dis tout de même
Mais l'amour viendra me libérer,
L'amour viendra me libérer, je le crois
L'amour viendra me libérer, je le sais
L'amour viendra me libérer, oui.

Les murs des prisons se tiennent toujours droits
Certaines choses ne changeront jamais.
On continue à construire des prisons, on les remplira toutes
On continue à construire des bombes, on les larguera toutes
S'usant les mains à la tâche jusqu'à l'os
Cassant ton dos, te faire vendre ton âme.
Comment un poumon rempli de charbon, suffocant lentement
Le vent souffle fort, je devrais m'en aller
Les politiciens mentent et je ne suis pas dupe
Vous n'avez pas besoin qu'il n'y ait pas de raison ou un costume trois pièce pour affirmer la vérité
L'air sur ma peau et la terre sous mes orteils,
L'esclavage cousu dans les usines de mes vêtements
Le chaos et le tumulte partout où je vais, c'est l'amour que j'essaye de suivre

L'amour viendra me libérer, je le crois
L'amour viendra me libérer, je le sais
L'amour viendra me libérer, oui.
Il n'y a pas de raison que les choses aillent de cette façon
C'est ainsi qu'elles ont toujours été et qu'elles sont destinées à rester
Je ne sais pas pourquoi je dis les choses que je dis, mais je les dis tout de même
Mais l'amour viendra me libérer.

J'ai découvert cette chanson grâce à Scrubs et ce qui m'a beaucoup marqué ce sont les paroles engagées, très étonnantes de la part d'un chanteur américain. J'ai dans l'esprit le stéréotype (un peu gaulliste) de l'américain moyen (et pourtant, je suis assez fan des US) qui ne connaitrait pas, ou du moins qui ne jugerait pas forcément négativement, l'esclavage capitaliste du XXIème siècle en Chine...

mercredi 8 août 2007

Java - Metro

Me remémorer les quartiers et rues de Paris m'a fait me rappeler d'une chanson de Java sur le sujet. Je vous la mets ici, même si elle n'est pas toujours de très bon gout. Disons pour définir ça vaguement que c'est un rap-musette un peu vulgaire. Mais bon, un peu de vulgarité de nuit pas.

free music

Paroles de [Java - Metro]
Fini les cocktails Malakoff, les idées de Marx, J’Dormoy
Tu rames Buttes alors Chaumont plutôt qu'faire Levallois
L'volontaire, pour l'Ecole Militaire y'a maldonne
Plutôt crever qu'donner sa Sèvres à Babylone
Ca s'Passy, ça t'Férino Plassy
Tu vois une Belle Porte quand Jacques le Bonsergent Gare sa Bagnolet d'vant ma
Porte d'Orléans... merdeur, un flic Ternes sans odeur
Raconte un Monceau d'Clichy que tout le monde connaît Pasteur
On s'en bat Marcel on a l'Bérault les Billancourt-celles
Qui font les Iéna, les cartons d'Vavin souhaitent la Bienvenüe à
Montparnasse, faut qu'j’vide mes bourses Rue de la Pompe
Mon Piquet dans ta Motte Montgallet dans tes trompes
Ta Châtelet pourrie sent la Poissonnière
C'est d’la Charenton, c'est pas du Luxembourg, Fille du calvaire !
J'ai attrapé d'l'Exelmans, c'est Denfert
J’prends l'Chemin Vert au lieu Trocadéro à Blanche j’respire le Bel-Air
Change de commerce, t'ont Clignancourt dans ta Cité,
Pour Wagram de hashich Parmentier, pour cacher le Havre,
Pour Caumartin, monter jusqu'aux Champs-Elysées
Pour Comatec sur la grande arche de La Défonce


Alors laisse-toi Bercy par le rythme saccadé
Ma musique s’est perdue dans les couloirs…
T’es sur l’bon rail en Dupleix du Quai de la Rapée,
Odéon joue nos vies, c’est Saint-Lazare...


Laisse-toi Bercy...
Hey, oh, quoi, hein ?


Ramène pas ton Kléber, me cherche pas les Tuileries
Joue pas les Raspail à c'petit jeu Gabriel Péri
Tu dis qu't'es Foch, t'as pas Saint-Cloud,
Mon Neuilly, ça s'voit sur ta gueule que tu Porte le Maillot d'Auteuil
Me fais pas Gobelins Censier d'la Dauben(Bâ)ton
Comme des Picpus-ckets on va t'Barbès tes Louis Blanc
Choisy-le-roi moi j'Bourg-la-Reine, Port Royal
T'as voulu la Couronnes ? Maintenant tu peux toujours tracer à Varenne, Charonne !


Voltaire part sous la Guillotine
On t'retrouvera à Bastille pas le temps de t'exiler à Argentine
Pantin ! J'vais t'Dugommier t’emBrochant à La Fourche Hoche la teuté
Au Saint-Sulpice c’est un Crimée Sentier, oui on sait c'que tu Vaugirard-ment vu Pyrénées-rgumène
T’es condamné à errer dans l'Marais et faire la drag-Rennes.
T'auras beau mettre la Réaumur-Sébastopol
Tu t'feras prendre à l'Anvers à la station… par Saint-Paul


Abbesses le froc Gambetta !
Il te met son Jourdain son Ménilmontant c'est Duroc
Tout droit dans l’Haussmann t’as l’Daumesnil la Clichy tu gémis
T'es Invalides t'as l’trou de Balard en fer, Mai(s j')rie d'Issy
Va t'faire Masséna par Edgar le Quinet
Faut qu'on t'Opéra, trop tard t'es Saint-Maur et j'Porte des Lilas,
Sur ton Corvisart, direction Père Lachaise
Sablons le Champerret, criant au nom d'la Ligne 13


Laisse-toi Bercy par le rythme saccadé
Ma musique s’est perdue dans les couloirs…
T’es sur l’bon rail en Dupleix du Quai de la Rapée,
Odéon joue nos vies, c’est Saint Lazare...

lundi 30 juillet 2007

Lois de Walinsky

Les lois de Walinsky sont des dérivés des lois de Murphy (if it can go wrong, it will).

J'en ai retenu deux.
If there are twelve clowns in a ring, you can jump in the middle and start reciting Shakespeare, but to the audience, you'll just be the thirteenth clown.
A savoir en français :
S'il y a douze clowns dans un anneau, vous pouvez sauter au milieu et commencer à réciter du Shakespeare, pour le public, vous ne serez que les treizième clown.

Et la deuxième qui m'a fait penser à une discussions que nous avions eu avec Scheiro.
The intelligence of any discussion diminishes with the square of the number of participants.
En français :
L'intelligence de toute discussion est inversement proportionnelle au nombre des participants
J'ignore pourquoi ces lois sont dites de Walinsky, peut être à cause d'un candidat démocrate des années 70 à une sombre élection new yorkaise...

jeudi 26 juillet 2007

Le mythe de Saint Julien L'hospitalier Gustave Flaubert

Saint Julien l'Hospitalier est un pécheur, qui décide de changer sa vie, de façon plus vertueuse. Gustave Flaubert nous raconte son histoire :

Une nuit qu'il dormait, il crut entendre quelqu'un l'appeler. Il tendit l'oreille et ne distingua que le mugissement des flots.
Mais la même voix reprit :
« Julien ! »
Elle venait de l'autre bord, ce qui lui parut extraordinaire, vu la largeur du fleuve.
Une troisième fois on appela :
« Julien! »
Et cette voix haute avait l'intonation d'une cloche d'église.
Ayant allumé sa lanterne, il sortit de la cahute. Un ouragan furieux emplissait la nuit. Les ténèbres étaient profondes, et çà et là déchirées par la blancheur des vagues qui bondissaient.
Après une minute d'hésitation, Julien dénoua l'amarre. L'eau, tout de suite, devint tranquille, la barque glissa dessus et toucha l'autre berge, où un homme attendait.
Il était enveloppé d'une toile en lambeaux, la figure pareille à un masque de plâtre et les deux yeux plus rouges que des charbons. En approchant de lui la lanterne, Julien s'aperçut qu'une lèpre hideuse le recouvrait; cependant, il avait dans son attitude comme une majesté de roi.
Dès qu'il entra dans la barque, elle enfonça prodigieusement, écrasée par son poids; une secousse la remonta; et julien se mit à ramer.
A chaque coup d'aviron, le ressac des flots la soulevait par l'avant. L'eau, plus noire que de l'encre, courait avec furie des deux côtés du bordage. Elle creusait des abîmes, elle faisait des montagnes, et la chaloupe sautait dessus, puis redescendait dans des profondeurs où elle tournoyait, ballottée par le vent.
Julien penchait son corps, dépliait les bras, et, s'arc-boutant des pieds, se renversait avec une torsion de la taille, pour avoir plus de force. La grêle cinglait ses mains, la pluie coulait dans son dos, la violence de l'air l'étouffait, il s'arrêta. Alors le bateau fut emporté à la dérive. Mais, comprenant qu'il s'agissait d'une chose considérable, d'un ordre auquel il ne fallait pas désobéir, il reprit ses avirons; et le claquement des tolets coupait la clameur de la tempête.
La petite lanterne brûlait devant lui. Des oiseaux, en voletant, la cachaient par intervalles. Mais toujours il apercevait les prunelles
du Lépreux qui se tenait debout à l'arrière, immobile comme une colonne.
Et cela dura longtemps, très longtemps !
Quand ils furent arrivés dans la cahute, Julien ferma la porte; et il le vit siégeant sur l'escabeau. L'espèce de linceul qui le recouvrait était tombé jusqu'à ses hanches; et ses épaules, sa poitrine, ses bras maigres disparaissaient sous des plaques de pustules écailleuses. Des rides énormes labouraient son front. Tel qu'un squelette, il avait un trou à la place du nez; et ses lèvres bleuâtres dégageaient une haleine épaisse comme un brouillard, et nauséabonde.
- « J'ai faim! » dit-il.
Julien lui donna ce qu'il possédait, un vieux quartier de lard et les croûtes d'un pain noir.
Quand il les eut dévorés, la table, l'écuelle et le manche du couteau portaient les mêmes taches que l'on voyait sur son corps.
Ensuite, il dit : « J'ai soif! »
Julien alla chercher sa cruche; et, comme il la prenait, il en sortit un arôme qui dilata son cœur et ses narines. C'était du vin; quelle trouvaille! mais le Lépreux avança le bras, et d'un trait vida toute la cruche.
Puis il dit : « J'ai froid! »
Julien, avec sa chandelle, enflamma un paquet de fougères, au milieu de la cabane.
Le Lépreux vint s'y chauffer; et, accroupi sur les talons, il tremblait de tous ses membres, s'affaiblissait; ses yeux ne brillaient plus, ses ulcères coulaient, et d'une voix presque éteinte, il murmura : « Ton lit! »
Julien l'aida doucement à s'y traîner, et même étendit sur lui, pour le couvrir, la toile de son bateau.
Le Lépreux gémissait. Les coins de sa bouche découvraient ses dents, un râle accéléré lui secouait la poitrine, et son ventre, à chacune de ses aspirations, se creusait jusqu'aux vertèbres.
Puis il ferma les paupières.
- « C'est comme de la glace dans mes os! Viens près de moi ! »
Et Julien, écartant la toile, se coucha sur les feuilles mortes, près de lui, côte à côte.
Le Lépreux tourna la tête.
- « Déshabille-toi, pour que j'aie la chaleur de ton corps!»
Julien ôta ses vêtements ; puis, nu comme au jour de sa naissance, se replaça dans le lit; et il sentait contre sa cuisse la peau du Lépreux, plus froide qu'un serpent et rude comme une lime.
Il tâchait de l'encourager; et l'autre répondait, en haletant
« Ah! je vais mourir!... Rapproche-toi, réchauffe-moi! Pas avec les mains! non ! toute ta personne. »
Julien s'étala dessus complètement, bouche contre bouche, poitrine sur poitrine.
Alors le Lépreux l'étreignit ; et ses yeux tout à coup prirent une clarté d'étoiles ; ses cheveux s'allongèrent comme les rais du soleil; le souffle de ses narines avait la douceur des roses; un nuage d'encens s'éleva du foyer, les flots chantaient. Cependant une abondance de délices, une joie surhumaine descendait comme une inondation dans l'âme de Julien pâmé; et celui dont les bras le serraient toujours grandissait, grandissait, touchant de sa tête et de ses pieds les deux murs de la cabane. Le toit s'envola, le firmament se déployait; - et Julien monta vers les espaces bleus, face à face avec Notre-Seigneur Jésus, qui l'emportait dans le ciel.

Et voilà l'histoire de saint Julien l'Hospitalier, telle à peu près qu'on la trouve, sur un vitrail d'Église, dans mon pays.

in La légende de Saint Julien l'Hospitalier, d'après Gustave Flaubert, III

Cette fable m'est revenue à l'esprit l'autre jour, alors que je chassais un chat éclopé, borgne avec une patte en moins de sur ma terrasse.

Birds for the Mind

Après réflexion il y aura pour l'instant 3 blogs : celui-ci, un blog ressources, et un blog réflexion sérieuse, parce que c'est pas tout ça, mais bon...

Ouvert maintenant, donc, le blog "ressources" : http://birdsforthemind.blogspot.com. Il n'est peut être même pas obligé de le mettre dans vos fils RSS, sachez juste qu'il existe, j'y renverrai le lecteur si je juge que c'est essentiel...

A bientôt.

Sciences-Po

Si donc un prince doit savoir bien user de la bête, il doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne peut se défendre des filets, le renard des loups ; il faut donc être renard pour connaître les filets et lion pour faire peur aux loups. Ceux qui veulent seulement faire les lions n’y entendent rien.
Machiavel, Le Prince

Bienvenue sur "Birds for the mind"

Wim Mertens est un compositeur belge contemporain né en 1953. Le nom de ce blog de ressources vient de son titre Birds for the Mind.


Cliquez ici pour vous procurer l'album Belly Of An Architect, Bande Originale du film du même nom (Titre VF : le ventre de l'architecte).